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« Vanité des vanités, tout est vanité »

Cette citation de la Bible est bien connue. Mais quelle est exactement la signification de vanité ? Même si les deux langues utilisent la même racine latine, comment ce terme a-t-il évolué en français et en anglais ? Voyons les définitions – très similaires – dans chaque langue.

Le petit Robert. Vieilli : caractère de ce qui est vain, frivole, insignifiant, illusoire

Collins Dictionary Etymologie : 13ème siècle : de l’ancien français vanité, du latin vānitās

  1. the state or quality of being vain; excessive pride or conceit 2. ostentation occasioned by ambition or pride 3. an instance of being vain or something about which one is vain 4. the state or quality of being valueless, futile, or unreal 5.something that is worthless or useless

En français

Le terme a essentiellement conservé son sens de futilité ou d’orgueil et est peu utilisé. « Vanité » a mauvaise presse. Pourquoi a-t-il ce sens péjoratif ? On l’associe facilement à la fierté ou à la vacuité d’un objet, d’un événement ou d’une situation. Il serait en tout cas impensable qu’un magazine de société l’adopte sur papier glacé.

En anglais

Il a su adopter une autre dimension. Qu’en est-il exactement ? On connaît tous la vanity (case), joli écrin de beauté qui joue sur son aspect pratique pour les voyages en avion. « Vanity » peut également désigner un meuble, que l’on appellerait en français, une coiffeuse ou de façon plus moderne, un meuble de salle de bain.

vanity-fair-novelMais c’est un grand magazine qui se fait le mieux l’étendard de ce terme controversé. Vanity Fair emprunte son nom à un roman du 19ème siècle. Son auteur William Makepeace Thackeray y dépeint la société anglaise de l’époque. Parodie amusante, ce roman est aujourd’hui un grand classique de la littérature britannique.

A son origine, la ligne éditoriale du magazine souhaitait probablement traiter de la société contemporaine tout en gardant un ton léger et divertissant. C’est en effet ce que promet le slogan de la version française qui existe depuis 2013 « Brillant dehors, mordant dedans ».

Vanity Fair le roman qui a inspiré le magazine américain a pour titre en français La foire aux vanités. En littérature, un autre roman utilise le terme vanity/vanité, signé du grand Tom Wolfe, The Bonfire of the Vanitiesle bûcher des vanités. Cette œuvre fait référence à un événement historique de 1497 à Florence, quand les disciples du moine Jérôme Savonarole rassemblent des milliers d’objets pour les brûler. Les biens visés par cette destruction sont ceux qui touchent à la vanité, comme les miroirs, les cosmétiques, les bijoux et les instruments de musique.

« Vanité » est peu utilisé en français dans le langage courant. L’adjectif « vain » l’est peut-être davantage.

Poudre aux yeux propose de réhabiliter ce terme pour désigner quelque chose de frivole, certes, mais aussi quelque chose d’enchanteur. Et pour décrire les objets, personnes ou événements qui créent le beau ou qui nous font réagir par leur beauté et nous font rêver.

L’anglais accepte culturellement ce sens sans aucun inconvénient. Alors, on pourrait s’échapper de cette interprétation péjorative qui date de la Renaissance avec Ronsard et Du Bellay et qui nous fait immédiatement penser à un crâne posé sur un guéridon.

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